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Découvrez le CNETh,  une organisation unique en son genre au service du thermalisme, avec Monsieur Claude-Eugène BOUVIER, Délégué Général.

M Bouvier - Interview Cnth jpg

Le CNETh est le Conseil National des Établissements Thermaux Français. Peu connu du grand public, il est toutefois le garant de ce secteur. Structure incontournable au fonctionnement unique, nous allons vous présenter aujourd’hui ses différentes missions avec Monsieur Claude-Eugène BOUVIER.

Pouvez-vous présenter le CNETh à nos lecteurs ? 

Le CNETh est une organisation professionnelle née en 2012. Il est l’unique syndicat professionnel du thermalisme. À ce jour, le CNETh représente l’intégralité des 109 établissements thermaux, tous adhérents du syndicat professionnel. Comme tous les syndicats professionnels, nous assurons différentes missions :

  • Nous représentons l’ensemble des professionnels du thermalisme français auprès des partenaires institutionnels, c’est à dire des pouvoirs publics et des instances de tutelle. Nous représentons notamment la profession thermale auprès de l’UNCAM (Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie), par l’intermédiaire d’une commission paritaire qui est chargée de l’élaboration, de l’application et de l’interprétation de la convention nationale thermale.
    Nous sommes en effet liés à l’assurance maladie par une convention quinquennale, renouvelée en décembre 2017, qui sera appliquée jusqu’en 2022. C’est dans ce cadre que nous représentons nos adhérents, en particulier lorsqu’il y a un litige lié à l’application de la convention nationale thermale.
    Le Ministère de la santé est notre second interlocuteur public, notamment dans le cadre de la préparation des lois et des règlements. Nous sommes consultés, généralement, en amont de la publication d’un décret ou d’un quelconque texte de lois touchant au thermalisme.
  • Le syndicat, par le biais de la délégation patronale, participe à la négociation de la convention collective qui s’applique à tous les salariés du secteur.
  • Le CNETh est également un centre de ressources. C’est une activité moins exposée au grand public, mais qui est très importante. Dès qu’un établissement thermal rencontre une difficulté au niveau de l’application d’un texte (conventionnel ou légal), et qu’il n’arrive pas à le résoudre à l’échelle locale, il se tourne vers le CNETh. On essaye alors de lui apporter de notre expertise afin qu’il puisse prendre les bonnes décisions.
  • Ensuite, nous intervenons dans  l’évolution des pratiques professionnelles. C’es-à-dire que nous organisons toute la démarche liée à la qualité au sein des établissements thermaux, avec la participation à la rédaction du guide des bonnes pratiques thermales. Celle-ci a permis la définition du référentiel de qualité AQUACERT.
    On anime également un certain nombre d’ateliers consacrés à l’optimisation des soins, notamment au travers des programmes d’ETP
    (Education Thérapeutique du Patient).
  • Nous concevons et finançons la campagne de communication collective en relais de la communication des établissements, auprès du public et du corps médical.
  • Et le dernier point, qui n’est pas des moindres, est celui du financement de la recherche scientifique et médicale. Le CNETh est le principal contributeur et financeur de la recherche médicale thermale en France. En effet, il a financé plus de 90% des études de SMR (Service Médical Rendu) et de Recherche et Développement du milieu thermal.

Concernant le financement des recherches scientifiques, comment cela se passe-t-il ?

La recherche scientifique et le financement sont réalisés via l’AFRETH (Association Française pour la Recherche thermale). Le CNETh collecte, auprès de ses adhérents, une contribution financière qui permet de dégager un budget pour l’AFRETH, abondé par l’association des Maires des communes thermales.
Depuis 2005, 15 millions d’euros ont été récoltés afin de financer la recherche, c’est un effort sans équivalent en Europe et même dans le monde.

 

L’efficacité des cures thermales est sujette à controverse. Certaines personnes considèrent que cette pratique ressemble à des « vacances » et non à un véritable séjour de santé. Que pensez vous de ces propos ?

Je serais tenté de reprendre les propos de Michel CYMES, qui est intervenu il y a peu dans sa rubrique quotidienne sur RTL. Il a fait une assez bonne synthèse de ce qui peut distinguer le thermalisme de la thalassothérapie et des séjours de bien-être.
Concrètement, qu’est ce qui fait qu’on les distingue et qu’on parle de patient et non pas de client ?
Premièrement, c’est une démarche médicale, soumise à une prescription, par un médecin généraliste ou spécialiste. C’est une démarche très normée du point de vue administratif, puisque le format de la cure thermale et les conditions de sa prise en charge sont définis dans une convention nationale thermale avec un nombre de soins précis.

Après, ce qu’on distingue d’un point de vue administratif, ce sont les conditions de prise en charge et d’accès au remboursement partiel.
Si on veut rester sur le plan médical, ce qui distingue le thermalisme et le séjour en thalassothérapie, c’est essentiellement la durée. On parle de 18 jours dans un cas, d’une moyenne de 3 jours dans un autre cas. De plus, la démarche médicale est confortée par toutes les prestations annexes qui sont accessibles dans un établissement thermal : les ateliers, les conférences de santé, l’éducation thérapeutique ainsi que toutes les démarches de dépistages qui peuvent être mises en place dans un établissement thermal. On est donc réellement, en tant qu’établissement thermal, un acteur du système de santé. Je dirais que la prestation ne se limite pas à la cure thermale mais qu’il faut prendre en compte également tous les à-côtés, qui font que nous avons une démarche plus globale.

Et puis il y a le suivi médical sur place, au cours de son séjour, le patient est suivi au minimum 3 fois pas un médecin thermal. Celui-ci va prescrire les soins et les adapter si besoin. Ensuite, il va établir en fin de séjour un bilan adressé au médecin prescripteur. On boucle ainsi le suivi médical.

Actuellement, des études sont-elles menées ?

Les 1ères études de l’AFRETH étaient essentiellement concentrées sur la rhumatologie, puisque qu’elle représente 78% des prescriptions. On avait le devoir de s’intéresser en priorité à cette orientation. Il y a toujours des études dans ce domaine là, notamment consacrées à la lombalgie et à la gonarthrose

Mais la volonté de l’AFRETH a été de diversifier le champ des études.

Au cours des dernières années, on a abordé de nouvelles pathologies qui n’avaient pas encore fait l’objet d’étude, je pense à la neurologie par exemple.

Actuellement, des études se mettent en place :

  • dans le domaine urinaire concernant l’élimination des fragments lithiasiques et post-lithotripsie,
  • sur la sclérose en plaques,
  • sur les troubles du sommeil,
  • sur le psoriasis,
  • sur la prévention des chutes,
  • sur les troubles mictionnels de l’homme.

Enfin, dans le domaine de la Recherche Fondamentale, nous étudions l’effet de certains éléments (soufre et sélénium) sur le statut de la peau.

En parallèle, depuis quelques années et de façon générale, la fréquentation des établissements thermaux augmente. Comment pouvez-vous l’expliquer ?

Le constat était exact jusqu’à l’année passée durant laquelle nous avons subi un petit tassement et même une petite régression du nombre de curistes. L’une des  raisons est l’évolution du pouvoir d’achat des curistes, qui sont pour la plupart des cas des retraités. Cette année sera une année difficile. En effet, certains de nos établissements sont fermés pour des raisons diverses et variées (travaux, sinistres ou non conformité sanitaire). Néanmoins, l’évolution de la fréquentation sur le long terme est favorable,  tout simplement parce que le vieillissement de la population amène des curistes supplémentaires dans les établissements thermaux. Il y a donc un phénomène démographique qui est très important et qui va perdurer encore quelques décennies.

Il y a également une meilleure adaptation de l’offre thermale qui a beaucoup progressé ces dernières années. Notamment par l’inscription dans la démarche qualité (AQUACERT), la professionnalisation des personnels de soins ainsi que des investissements qui ont été très importants, de l’ordre de 400 millions d’euros sur les 5 dernières années.
Globalement, les conditions d’accueil, les équipements, les compétences du personnel et les conditions sanitaires ont largement progressé. Il y a eu une réelle amélioration des services dans les établissements thermaux, tous les indicateurs sont donc favorables.
De plus, l’élément majeur, c’est le nouveau regard que porte les médecins sur le thermalisme. Jusqu’à un passé récent, cette option thérapeutique était déconsidérée.
Depuis peu, et grâce aux études menées, le thermalisme a reconquis une partie du corps médical. En effet, elle a su gagner en crédibilité. Maintenant, elle fait l’objet d’une prescription d’adhésion, autrefois, c’était une prescription négociée avec ou par le curiste.

Quels sont les prochains enjeux de la pratique thermale en France ?

Les enjeux, c’est la poursuite de la certification AQUACERT des établissements thermaux. Actuellement, ils sont de l’ordre de 33 inscrits dans cette démarche, mais il faut progresser.
Ce qui va également caractériser les années à venir, c’est une meilleure information et expression du curiste par rapport à son traitement. La convention thermale a introduit une charte du curiste qui va bientôt se mettre en place.
Les autres enjeux, pour nous, seront de poursuivre la recherche et de couvrir la totalité des orientations thérapeutiques, car nous n’y sommes pas encore parvenus.
Nous avons compris, après le rapport auprès de la Cour des Comptes que l’évaluation du maintien de la prise en charge serait conditionnée par les preuves scientifiques. On a donc tout intérêt à poursuivre nos efforts avec la même exigence méthodologique.


Tags de l'article : Interview


Article publié par Laura Dupuy

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