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Depuis plusieurs semaines, le remboursement des cures thermales est remis en question en raison d’un possible déremboursement dès 2026, lié aux débats autour du budget de la Sécurité sociale. Un amendement, massivement rejeté par l’Assemblée nationale, proposait de réduire la prise en charge : de 100 % à 65 % pour les patients en ALD, et de 65 % à seulement 15 % pour les curistes classiques.
Face à cette menace, l’ensemble du secteur thermal se mobilise pour défendre l’accès aux soins de plus de 500 000 curistes chaque année.

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Julien Dubois – Maire de Dax

Rencontre avec Julien Dubois, maire de Dax et président de l’Association nationale des maires de communes thermales.

Monsieur Dubois, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Julien Dubois, maire de Dax, président de la communauté d’agglomération du Grand Dax et membre du conseil départemental des Landes. J’assume également la présidence de l’Association nationale des maires de communes thermales, qui rassemble les élus de toutes les villes thermales de France. Notre mission est avant tout de partager nos expériences et d’analyser l’évolution de la filière, car il existe une grande diversité de stations thermales en France. Nous avons besoin de fédérer nos expériences pour mieux structurer le thermalisme.

Dans le contexte actuel, il nous revient aussi de peser dans les décisions nationales, notamment celles qui concernent le remboursement des cures thermales, un sujet devenu critique.

Vous êtes à l’initiative de la pétition contre le déremboursement des cures thermales. Quel est son objectif ?

Notre objectif est d’alerter le Gouvernement, l’Élysée et les deux chambres du Parlement sur les conséquences qu’aurait un déremboursement, même partiel, des cures thermales. D’abord, ce serait catastrophique pour les patients. Le thermalisme concerne toutes les catégories de population et nécessite un remboursement pour rester accessible.

Ensuite, un déremboursement fragiliserait toute l’économie des territoires thermaux. La filière représente 25 000 emplois directs et indirects et près de 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, pour un remboursement d’environ “244 millions d’euros” par la Sécurité sociale.
Or, l’assurance maladie ne prend en charge que les soins : hébergement, transport et restauration restent à la charge des curistes et accompagnants. La baisse de fréquentation impacterait donc fortement les retombées locales.
Enfin, de nombreuses villes se sont construites autour du thermalisme : une chute d’activité mettrait en danger l’ensemble de cet écosystème.

Notre volonté, globalement, est donc de faire comprendre à tous ceux qui peuvent influencer cette décision qu’un déremboursement aurait des effets négatifs à de nombreux niveaux. Pour cela, nous avons lancé une pétition, cosignée par Denis Fégné, député des Hautes-Pyrénées, Président du groupe d’études thermalisme à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy-de-Dôme, Fondateur des Journées parlementaires du thermalisme, Thierry Dubois, Président du Conseil national des Établissements Thermaux (CNETh) et moi-même.

L’objectif est de montrer que ces enjeux sont majeurs et de mobiliser tous ceux qui considèrent qu’un déremboursement serait une erreur, en les invitant à nous soutenir en signant cette pétition.

Mobilisation : signez la pétition pour dire non au déremboursement

JE COSIGNE POUR DIRE NON AU DEREMBOURSEMENT

Combien de signatures ont déjà été recueillies et quelles ont été les réactions jusqu’à présent ?

Les signatures sont en cours de comptabilisation, car il y a plusieurs vagues d’envoi et de nombreuses stations thermales sont en train de signer. En quelques jours, nous avions déjà dépassé les 20 000 signatures, un chiffre en constante augmentation.

L’amendement visant le déremboursement des cures thermales a été rejeté. Pourquoi continuer à se mobiliser ?

Il y a plusieurs possibilités pour remettre en cause le taux de remboursement des cures thermales. Il y a la possibilité de la voie parlementaire, dont on comprend qu’elle n’aboutira pas, car 90 % des députés ont voté contre les amendements qui proposaient le déremboursement des cures thermales ; ce sera probablement la même chose pour le Sénat.

En revanche, un décret ministériel pourrait, à lui seul, modifier et réduire le taux de remboursement.
C’est pourquoi il est essentiel de rester mobilisés pour faire entendre l’importance de maintenir la prise en charge.

Nous échangeons très régulièrement avec le cabinet du Premier ministre afin de défendre nos arguments.

Quelles sont les prochaines étapes pour lutter contre le déremboursement des cures thermales ?

Nous poursuivons nos initiatives conjointes, qui sont portées avec les établissements thermaux, les syndicats qui représentent les professionnels de l’hébergement et de la restauration, ainsi que les médecins thermaux et généralistes, pour valider scientifiquement les effets des cures thermales sur la santé des patients.

L’écosystème du thermalisme est large : il est d’abord médical, mais aussi, de façon périphérique, il joue sur l’ensemble des activités des territoires concernés.

Des courriers ont également été envoyés à tous les préfets de département afin de remonter le sujet au niveau national. Nous utilisons toutes les voies possibles pour faire entendre nos arguments, qui sont réels, objectifs et vérifiés scientifiquement.

Quand peut-on espérer des réponses officielles concernant le déremboursement des cures thermales ?

Pour l’instant, aucun calendrier précis n’a été communiqué.

Les débats se poursuivent au Sénat dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Il est probable que les deux chambres ne votent pas dans les mêmes termes, ce qui nécessitera la convocation d’une commission mixte paritaire.

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie doit également être consultée avant toute décision.
Il faudra donc attendre encore plusieurs semaines avant d’obtenir une réponse officielle.

Peut-on être optimiste pour l’avenir du thermalisme en France ?

Je reste optimiste, pour une raison essentielle : la cure thermale est indispensable pour les patients qui en ont besoin, plus de 500 000 chaque année. Tant qu’il y aura des patients, il y aura nécessité, et tout sera mis en œuvre pour qu’ils puissent en bénéficier.

Oui, il faut être optimiste, oui nous sommes prêts, bien évidemment, à montrer l’ensemble des études existantes et à en produire afin d’entériner les preuves de façon définitive.

La filière, comme toute filière de santé, continue de se renouveler et de se diversifier. Mais il est essentiel que le service médical rendu soit pleinement reconnu, et que la Sécurité sociale maintienne sa prise en charge.

JE COSIGNE POUR DIRE NON AU DEREMBOURSEMENT

Article publié par Laura Dupuy

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